Les milieux humides du Québec constituent des écosystèmes d'une importance vitale dans la régulation du climat. Malgré leur apparence souvent discrète voir mal-aimée, ces zones jouent un rôle primordial dans l'atténuation des effets des changements climatiques. Leur contribution à la séquestration du carbone, à la régulation hydrologique et à la préservation de la biodiversité en font des acteurs clés dans la lutte contre le changement climatique.
Séquestration du carbone
Les milieux humides séquestrent le carbone principalement à travers la croissance végétale et la décomposition de la matière organique. Lorsque les plantes meurent dans ces environnements, la décomposition est souvent incomplète en raison des conditions anaérobies (manque d'oxygène) présentes dans les sols humides. Cette absence d'oxygène ralentit la décomposition des débris végétaux, ce qui entraîne la formation de tourbe, une matière organique partiellement décomposée.
La tourbe, composée en grande partie de matière organique, est riche en carbone et se forme lentement sur des milliers d'années. Ce processus continu de production de tourbe contribue à l'accumulation de grandes quantités de carbone stockées dans les sols des milieux humides.
Importance de la séquestration du carbone par les milieux humides
Les milieux humides sont parmi les écosystèmes les plus efficaces pour stocker le carbone. Bien que ces zones ne couvrent qu'une petite fraction de la surface terrestre, elles renferment une quantité disproportionnée de carbone par unité de superficie par rapport à d'autres écosystèmes : 643 tonnes de carbone sont en moyenne contenues dans 1 hectare de sol de milieu humide, contre 123 tonnes pour un hectare de forêt tropicale.
Les milieux humides agissent donc comme des réservoirs de carbone en en stockant des quantités considérables, ce qui en fait des acteurs clés dans l'atténuation des émissions de CO2 et dans la lutte contre le changement climatique.
Protection contre les changements climatiques
En plus de leur rôle dans la séquestration du carbone, les milieux humides agissent comme des régulateurs naturels de l'eau. Ils jouent un rôle essentiel dans la prévention des inondations en absorbant et en retenant l'eau pendant les périodes de fortes précipitations. Ces capacités d'absorption et de relargage progressif de l'eau permettent de réguler les débits et d'atténuer les effets des crues soudaines, protégeant ainsi les zones environnantes contre les dommages liés aux inondations.
Adaptation au changement climatique
En période de sécheresse, les milieux humides fonctionnent comme des réserves d'eau. Ils libèrent progressivement l'eau stockée pendant les périodes sèches, soutenant ainsi la survie des écosystèmes voisins et fournissant de l'eau pour la vie végétale et animale.
Les milieux humides ont également tendance à être moins sujets aux incendies par rapport aux forêts. Les incendies forestiers peuvent libérer d'énormes quantités de carbone stocké dans la végétation. La moindre propension aux incendies dans les milieux humides favorise la préservation du carbone stocké sur de plus longues périodes.
Impact sur la biodiversité et les écosystèmes
Outre leur contribution à la lutte contre les changements climatiques, les zones humides abritent une biodiversité exceptionnelle. Une variété d'espèces végétales et animales, souvent spécifiquement adaptées à ces environnements, y trouve refuge. La préservation de ces écosystèmes est donc cruciale pour maintenir cette biodiversité et permettre aux espèces de s'adapter aux changements environnementaux.
Les milieux humides, en plus de leur contribution à la régulation climatique, offrent des habitats vitaux pour de nombreuses espèces. Ces zones abritent une diversité d'organismes, allant des plantes aquatiques aux oiseaux migrateurs et aux mammifères. La préservation de ces écosystèmes est essentielle pour maintenir la santé des populations d'espèces et pour favoriser leur adaptation aux fluctuations environnementales.
Menaces pour la séquestration du carbone dans les milieux humides
La dégradation et la destruction des milieux humides représentent une menace pour la séquestration du carbone. L'exploitation forestière, l'urbanisation, l'agriculture et d'autres activités humaines entraînent la dégradation de ces écosystèmes, libérant ainsi le carbone stocké dans la tourbe sous forme de CO2, contribuant ainsi aux émissions de gaz à effet de serre.
Bien que les milieux humides soient protégés en vertu de la Loi sur la Qualité de l'Environnement, le ministère de l'environnement (MELCCFP) autorise régulièrement la destruction de ces milieux suite à des demandes d'autorisation. Evidemment de nombreux milieux humides sont également détruits illégalement (voir ci-dessous).
Conclusion
Les milieux humides jouent un rôle multifonctionnel crucial dans l'atténuation des effets des changements climatiques. Leur préservation est vitale non seulement pour la régulation climatique et la biodiversité, mais aussi pour la protection des écosystèmes et des communautés contre les événements climatiques extrêmes. En investissant dans la préservation, la restauration et la sensibilisation, le Québec peut renforcer son engagement envers la protection de ces écosystèmes essentiels et contribuer ainsi à l'effort global de lutte contre le changement climatique.
Sources
https://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/rives/milieuxhumides.htm
Pörtner, H.O., Scholes, R.J., Agard, J., et al. 2021. Scientific outcome of the IPBES-IPCC co-sponsored workshop on biodiversity and climate change; IPBES secretariat, Bonn, Germany, DOI:10.5281/zenodo.465915
https://www.visualcapitalist.com/sp/visualizing-carbon-storage-in-earths-ecosystems/
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